Les conséquences de la guerre en Ukraine sur le prix de l’énergie
La guerre a éclaté jeudi 24 février 2022 en Ukraine. Depuis ce jour, de nombreux pays annoncent des restrictions et des sanctions envers la Russie, d’ordre financières pour la plus part.
Toutes ces sanctions associées aux interventions militaires en Ukraine font craindre d’importantes conséquences sur le long terme sur les prix de l’énergie en Europe mais aussi sur les approvisionnements et stocks énergétiques.
L’importance du gaz russe pour l’Europe
La Russie et l’Europe entretiennent de vieux liens sur le secteur de l’énergie. En effet, nous importons en Europe plus de 43% de gaz russe. La Russie est le premier exportateur de gaz pour l’Europe. Cette guerre a déjà eu de nombreuses conséquences économiques avec une flambée des prix le 24 février atteignant quasiment des records (l’index de référence Dutch TTF Gas Futures à 132,71). Depuis, les prix tendent à se stabiliser à un haut niveau (98,59 le 28 février pour l’index Dutch TTF Gas Futures) et sous la menace de nouvelles sanctions européennes ou mondiales.
L’Ukraine, point stratégique de passage du gaz
En effet, plus de 15% du gaz russe transit par l’Ukraine pour approvisionner l’Europe. Cet axe stratégique est utilisé par Gazprom (société russe d’exploitation de gaz) pour une partie de l’approvisionnement. Jusqu’à présent le gaz transit toujours par cet axe, mais plusieurs menaces pèsent sur le maintien de cet approvisionnement.
Les conséquences directes de la guerre
L’enjeu, autant pour l’Europe qui dépend en partie du gaz russe, que de la Russie qui gagne d’importantes sommes grâce à l’envolée des prix, est de maintenir cet axe de transit. Plusieurs menaces pourraient remettre en cause le maintient de cet approvisionnement. Les bombardements, qui depuis 3 jours sont en forte hausse peuvent entraîner des accidents sur le réseau de transit du gaz (Brotherhood). Cette intensification des bombardements pourrait donc contraindre Gazprom ou les Etats directement, à couper cette solution d’approvisionnement.
Cependant, nous devenons de moins en moins dépendants à cet approvisionnement au fur à mesure que nous sortons de l’hiver. Une vigilance est portée par l’Europe pour cet été, quand les pays devront refaire les stocks stratégiques.
Le point sur les énergies en Ukraine et l’impact en Europe
L’Ukraine est le point de passage historique pour le gaz russe, mais ce passage est en déclin depuis de nombreuse années, passant de 80% de transit au début des années 2000 à seulement 15% en 2020. Ce passage est délaissé au profit du projet Nord Stream 2 en mer baltique, reliant directement la Russie à l’Allemagne. Cet ouvrage devait entrer en service en mars, avant que l’Allemagne mette en pause l’homologation de cet équipement en représailles à la Russie. Ce nouvel axe permettrait de faire transiter 1/3 des importations de gaz russe en évitant l’Ukraine.
Le difficile équilibre entre sanctions et approvisionnement
Les Etats européens prennent de nombreuses sanctions à l’encontre de la Russie, mais doivent trouver le difficile équilibre pour préserver leur approvisionnement en gaz. Cet équilibre se reflète dans une des dernières décisions prises par l’Union européenne qui vise à exclure une partie des banques russes du système SWIFT.
Cependant, l’Union européenne a maintenu l’accès aux banques russes fortement impliquées dans le commerce de l’énergie.
Et les autres énergies ?
L’Ukraine détient un parc de centrales nucléaires vieillissant, héritage de l’ex Union Soviétique. La Russie a annoncé la prise de contrôle de la centrale nucléaire de Tchernobyl, site où des éléments de combustible nucléaire sont encore présents. À ce jour aucune autre centrale nucléaire n’aurait été prise par la Russie, mais certaines d’entre elles sont à proximité des zones d’intervention.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, un parc éolien financé par des investissements français est présent en Ukraine dans la région de Kherson.
D’autres solutions pour un approvisionnement
La Russie est le premier exportateur de gaz pour l’Europe avec 43% des importations européennes, vient en seconde place la Norvège qui exporte 20% de gaz vers l’Europe, puis en troisième position l’Algérie, avec 12%.
Depuis plusieurs jours, les Européens et leurs alliés cherchent des solutions alternatives au gaz russe en cas de coupure de la part de la Russie ou d’un incident sur l’un des gazoducs. Ou encore si l’Europe souhaite aller plus loin dans les sanctions économiques. L’Algérie propose d’augmenter son approvisionnement de gaz pour l’Europe mais cette hausse reste trop limitée pour compenser le gaz russe. Une autre alternative réside dans l’utilisation du GNL (gaz naturel liquéfié), cependant son importation principale vient par bateau des Etats-Unis et a une forte empreinte carbone.
Les chiffres clés :
-> 168 mds m3 de gaz livré en 2020 par la Russie à l’Europe.
-> Les pays à forte dépendance d’importation de gaz russe (100% pour la République Tchèque, 97% pour la Finlande, 85% pour la Slovaquie).
-> Les pays à faible dépendance d’importation de gaz russe (0% pour l’Irlande, 9% pour le Portugal, 10% pour l’Espagne, 16% pour la France)